Fabulations symbiotiques

2021 | 3’48’’ | Docu-fiction | VO FR ST EN

Teaser

Synopsis

À l’écran apparaissent des photos d’archive : ce sont les premières illustrations, via ce médium, des écoles d’art en France à la fin du XIXe siècle. Des photos d’hommes, parfois accompagnés de modèles féminins, on passe ensuite aux cours de femmes, nouvellement créés, pour le moment séparés de ces messieurs. Soutenues par un murmure chantant, celles-ci se révèlent de plus en plus nombreuses, solidaires, joyeuses. Elles se confondent alors avec des images microscopiques d’endosymbiose, cette association biologique où deux organismes différents coopèrent pour former une nouvelle espèce. À l’instar de ces bactéries qui nous composent, l’histoire de ces femmes se mêle à cette idée d’avancement par l’ouverture, le mutualisme, dans une illustration de leur prise progressive de place dans le milieu de l’apprentissage artistique.

Note d’intention

Nous avons voulu avec cette vidéo illustrer cette étape importante et méconnue de l’histoire de l’art : l’accession des femmes aux écoles, privées puis publiques, à partir de la fin du XIXe siècle en Europe occidentale. Ces images nous ont d’abord marquées par leur puissance d’évocation et leur beauté, et nous ont surprises, puisqu’aucune d’entre nous n’avait appris à quel point il leur fut difficile d’accéder à l’éducation artistique. Protestations et manifestations contre leur entrée ont été la norme à l’époque, et en France les Beaux-Arts ne leur ont été ouverts qu’en 1896 (près d’un siècle après leur création). Nous souhaitons mettre ce phénomène en parallèle avec celui de la symbiose, notamment l’évolution du regard scientifique à ce sujet. Notre titre Fabulations Symbiotiques vient de la terminologie employée par Olga Potot dans un article qui a été très important dans notre démarche, Nous sommes tous·tes du lichen. L’autrice y montre comment un éclairage féministe a permis de changer la façon dont la symbiose a été et est étudiée. Récemment comprise comme du mutualisme, elle a d’abord été prise pour du parasitage : une agression d’une espèce envers l’autre, via une conception guerrière et excluante du monde. Ce langage de domination, de hiérarchisation et de binarisme dirige le discours scientifique, et s’immisce jusque dans nos propres discours d’individus. Nous avons alors voulu illustrer cette autre vision, faisant la part belle à la multiplicité des expériences et à leur rencontre, et au tout comme système, au-delà du dualisme féminin/masculin.

Monica Montes, Paule Roy et Marni Granjon

Biographie

Monica Montes :
Je suis née à Saint Sébastien et j’ai étudié à l’école Camondo, à Paris, Architecture d’Intérieur et Design. Actuellement je réside à Bruxelles, après plusieurs années entre Paris, l’Espagne et Londres où j’ai continué à explorer le rapport et les interactions entre univers visuel, espace et objet dans des disciplines comme le graphisme, le stylisme et la vidéo. Étudiante à l’Erg, je m’intéresse à la représentation de la réalité, et à l’usage des frontières à travers les relations inter-espèces, du micro au macro.

Marni Granjon :
Après quelques voyages dans l’univers du design graphique et de la bibliothèque, je me suis stabilisé pour un temps dans celui des arts plastiques et de l’illustration à l’Erg. Collecter, archiver, partager sont des mots qui guident ma pratique au quotidien, ancrée le plus souvent possible dans des projets collectifs.

Paule Roy :
Anciennement aux Beaux-Arts de Bordeaux, je suis désormais étudiante en dessin à l’erg et à Bruxelles depuis 2 ans, où j’y pratique aussi la sculpture et la vidéo.