Le projet Graines de Cinéastes
ELLES TOURNENT a organisé, les 7 et 8 mai 2021, un festival intitulé « Graines de cinéastes ». Dédié aux jeunes talents, Il a mis à l’honneur des courts métrages de réalisatrices sorties des écoles de cinéma belge.
Avec un succès qui dépassait les attentes de l’association – plus de 150 films ont été proposés – cet événement a mis en évidence un grand besoin de rencontres, d’échanges d’informations, besoin de réseautage des jeunes femmes dans un milieu professionnel où il est difficile de se faire sa place.
Lors d’une de nos tables rondes, Tülin Özdemir, réalisatrice, nous a partagé une phrase clé : « Être réalisatrice est encore plus difficile qu’avant le confinement. Il y a moins d’argent, la concurrence est plus rude. Seules les guerrières arrivent à mener jusqu’au bout ce combat qui dure de 2 à 4 ans. Et les autres ? Les réalisatrices « mères seules », ou « sans revenus réguliers », ou encore « débutantes », comment font-elles pour survivre et créer ? ».
Le parcours des femmes dans le cinéma est semé d’embûches, de freins qui entravent la continuité dans la profession. Il est souvent difficile pour les réalisatrices d’être prises au sérieux dans ce poste à responsabilité. Dans leurs démarches auprès des producteur.rice.s, elles doivent « prouver » qu’elles sont capables de gérer une équipe et si elles sont jeunes, sortent des études, c’est un challenge encore plus grand qui les attend. Elles ont donc moins de chance de pouvoir déposer un dossier de demande de financement et de produire leur film. Jeanne Brunfaut, directrice du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, le confirme lors de son intervention dans notre table ronde (« Etat de santé du cinéma belge Francophone » : les femmes sont moins nombreuses à déposer des
dossiers de financement).
En 2015, Elles Tournent Dames Draaien & Engender avaient produit une étude intitulée « DERRIÈRE L’ÉCRAN…OÙ SONT LES FEMMES ? Les femmes dans l’industrie cinématographique en FWB 2010- 2015 » qui mettait, entre autres, en avant la problématique de transition entre les écoles et le monde du travail. Si on se focalise sur la réalisation, on constate qu’entre 2010 et 2015, 55 % de femmes font un bachelier ou master en réalisation pour 45 % d’hommes. Pourtant, en moyenne entre 2015 et 2016, nous comptons 25 % de réalisatrices répertoriées par la SABAM, SACD, CSF et l’ARFF pour 74,5 % d’hommes. Question : que se passe-t-il à la sortie des écoles ? Où sont donc passées les réalisatrices ? …
Nous avons pu discuter avec les réalisatrices dont les films étaient projetés lors de notre évènement, et les difficultés rencontrées sont nombreuses : Difficulté dans la constitution d’un dossier de subsides / Manque de réseau / Savoir « vendre » son projet / Rencontrer des producteur.rice.s / Distribuer son premier film dans un festival.
Il existe un fossé entre, d’une part, la formation reçue dans les écoles de cinéma ou les universités et, d’autre part, le passage à la mise en œuvre concrète d’un dossier. Nous voulons donc soutenir les réalisatrices dans cette étape cruciale d’entrée dans la vie professionnelle.
Nous pensons que l’accès aux informations sur les différentes étapes de constitution d’un dossier (de l’écriture au pitching), ainsi que la création d’un réseau de professionnelles sont des outils indispensables à ces réalisatrices pour qu’elles aient en main tous les éléments qui leur permettent de se lancer dans la création de leur film et de passer le cap d’un dépôt de dossier.
Ce que Graines de Cinéastes propose
Graines de Cinéastes tient à mettre en avant les jeunes/débutantes réalisatrices belges mais aussi d’écouter leurs expériences et leurs vécus en promouvant la création et la diversité. Nous estimons que la culture ne peut évoluer sans la promotion de la créativité des réalisatrices. Graines de Cinéastes souhaite participer au redéploiement d’une culture plus égalitaire et inclusive, vers une remise en question de nos modèles culturels.
Graines de Cinéastes propose ainsi différentes activités afin d’aider les Graines à s’épanouir dans le milieu cinématographique belge.
Pour avoir plus de femmes dans le milieu du cinéma, il faut déjà qu’elles se rencontrent entre-elles. L’idée des Rendez-vous des Graines est de créer un moment où les jeunes femmes du milieu audiovisuel pourraient se rencontrer, échanger, réseauter et éventuellement, à l’avenir, collaborer. Ces rendez- vous sont gratuits et sans inscription.
Ainsi, une fois par mois, Graines de Cinéastes convie les jeunes femmes débutantes du milieu du cinéma à une réunion informelle autour d’un apéro pour se retrouver et s’entraider.
Se lancer dans la réalisation d’un projet cinématographique comprend énormément d’étapes, qu’il est parfois difficile d’appréhender en pratique. Les workshops ont pour but d’aider aux mieux les réalisatrices à faire face à toutes ces étapes pour qu’elles puissent réaliser par la suite leurs projets cinématographiques dans les meilleures conditions. Les workshops sont gratuits.