Antoinette, 41 rue du Phénix

2020 | 55’12’’ | Documentaire | VO FR ST EN

Distribution : CBA (Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles)

Production : Les Renards

Sélection : Mois du Doc (2020)

Teaser

Synopsis

Antoinette, ma grand-mère vit seule depuis de nombreuses années. Bien qu’en pleine santé et très entourée, elle ne supporte plus la solitude. Partir vivre en maison de retraite semble alors la seule issue. Autour de nos discussions et dans cette maison qui se vide, se révèle la difficulté et la brutalité qu’engendre ce départ, pour Antoinette, mais aussi, pour toute la famille.

Note d’intention

Le film témoigne d’une dernière discussion entre deux femmes. L’une est ma grand-mère, qui souffre de solitude et se résigne à quitter sa maison dans laquelle elle vit depuis 50 ans, pour emménager dans une maison de retraite. L’autre, c’est moi, qui ressens cette lourde décision comme un abandon. Alors que la première se demande comment finir sa vie, l’autre fait ses adieux à la maison et, peut-être aussi, à sa grand-mère.

Le film se concentre sur cette période-clé, pendant laquelle Antoinette va prendre cette décision cruciale. Elle pense que quitter sa maison s’impose comme la seule solution face à sa douloureuse solitude. Le film tente de raconter comment cet événement met Antoinette dans une situation paradoxale et douloureuse. De mon côté, je vois dans la maison de retraite un mouroir, alors que sa maison est remplie de nombreux souvenirs, dont les miens. Confrontée à ce départ et aux événements qu’il suscite au sein de la famille, je me questionne au sein de la maison. Finalement, j’amorce, malgré moi, un travail d’adieu, de deuil. À travers le récit de ce que nous avons partagé à cette période, et ce qui s’est mis en mouvement en moi, je souhaite ouvrir le film à cette question qui, parfois trop tôt et parfois plus tard, nous traverse tous : comment finir sa vie ? Comment (se) dire au revoir ?

À travers l’organisation de ce départ, le film se fait également le témoin des tensions qui existent et se révèlent dans les relations familiales. Chacun s’est emparé avec attention de la gestion de la vie d’Antoinette ces dernières années. Cela n’a évidemment pas suffi à combler son mal-être (comment la gestion le pourrait-elle ?). Et chacun s’empare également de la gestion du départ.
Organiser la fin de vie d’un parent est évidemment une étape bouleversante. Chacun tente au mieux d’y trouver sa place, sa fonction.

Le film, à travers le prisme de mon regard, exacerbe les conflits de générations, les difficultés que chaque membre de la famille rencontre à communiquer son amour et sa bienveillance l’un envers l’autre. Ce film est aussi la trace, pour moi, de cette discussion impossible, de ce dialogue qui ne peut avoir lieu, car il est trop dur et trop violent. Il montre à quel point je ne peux rien faire pour elle.

En l’observant, j’observe ce qui m’attend moi, ce qui nous attend tous. Faire ce film, c’est aussi une manière d’assumer que son histoire me touche en plein cœur et que les solutions apportées à sa fin de vie me paraissent absurdes et ne répondent à aucun des maux dont elle souffre. C’est une manière de dire aussi que je ne suis pas seulement cette petite-fille qui dit au revoir à sa grand-mère, mais également cette jeune femme qui vieillit et qui un jour se posera les mêmes questions, et qui redoute de ne pas savoir comment y répondre.

Agathe Corniquet

Biographie

Née en 1982, Agathe Corniquet est originaire du nord de la France. Après des études à l’INSAS (section Image), elle s’est naturellement installée à Bruxelles, il y a maintenant quinze ans. Elle travaille depuis douze ans comme assistante caméra sur des long-métrages de fiction internationaux, ainsi que comme opératrice image en documentaire.

En parallèle, elle développe un travail photographique personnel et intime autour du Polaroïd et de l’instantané. Membre du Collectif K-14 – auteurs et réalisateurs du film Kodachrome – Agathe signe avec Antoinette, 41 Rue du Phénix son premier film documentaire personnel comme réalisatrice.